Reprendre contact et vous raconter ma chance!
- Johanna Bruet
- 3 déc.
- 4 min de lecture

Cet article est le premier que je post depuis 2020! Il s'en est passé du temps. Et j'en ai vécu des aventures. Ce que je vous propose aujourd'hui c'est plusieurs prises de conscience, qui peuvent sembler évidentes mais ne le sont pas.
"HEUREUSEMENT que vous faites du yoga!"
Celle-là je l'entends, régulièrement, mon dentiste par exemple (enfin ortho et kiné maxillo-facial - oui j'ai des problèmes de mâchoire car j'ai sucé mon pouce pendant 14 ans!!! CQFD), mon ostéo, mon généraliste... Tous sont unanimes, j'aurais été dans un piètre état si je n'avais pas commencé le yoga il y a plus de 10 ans et surtout si j'avais continué à bosser devant un ordi toute la journée !!!
Un mal de dos horrible, a peut-être sauvé la suite de ma vie. À 20 ans, dans la fleur de l'âge, alors que je m'éclate au Brésil en buggy sur les dunes de Jericoacoara : une décharge, une lame de couteau enfoncée dans le bas de dos... Ce n'était que le début, que le coup d'envoi d'années de douleurs, sans solution. À l'époque, les médecins me suggéraient de ne plus bouger, de rester au lit pendant quelques jours! Autant vous dire que ça ne marchait pas...
Bref, tout ça pour dire que j'ai d'abord découvert le Pilates, puis le yoga. Et là, révélation ! D'abord, la pratique physique me faisait énormément de bien. Je découvrais qu'étirer mes jambes soulageait mon dos (WTF!?!?), j'apprenais l'existence du psoas et son rôle de "poubelle des émotions" et plein plein plein d'autres mines d’informations.
Puis j'apprenais à respirer, à reconnecter avec ce corps qui me faisait tant souffrir, à accepter ses défauts, à accueillir ses douleurs. J'apprenais à relativiser, prendre du recul, recharger mon énergie en fermant les yeux, en respirant et en méditant ! Whaou, le pouvoir du truc.
Il y a quelques jours j'ai pris conscience de quelque chose de dingue :
"HEUREUSEMENT que je fais du yoga, et que j'en ai fait mon métier !"
Alors que je vis depuis 3 ans une vie que je considère comme un véritable challenge, un tsunami d'émotions, un tremblement de terre de toutes mes certitudes, je me suis demandé comme je tenais encore debout, comment j'arrivais encore (la majorité du temps) à vaquer à mes occupations, pro et perso, vu l'énergie que me demandaient les jumeaux (3 ans!). Soyons honnête, je me sens régulièrement complètement dépassée, ces mini humains me sortent de mes gongs, ils m'épuisent, me génèrent un stress que souvent, je considère comme humainement insupportable ! Évidemment les conditions sont extrêmes, seule avec des jumeaux en bas âge.
Et là, révélation, again, le yoga! La respiration, la prise de recul, l'énergie et la joie que me procure chaque séance quand je transmets, c'est ça qui me tient debout, comme un roc, avec mes moments de faiblesse évidemment. Je ne suis pas une maman zen, loin de là, mais qu'est ce que ça serait sans le yoga???
Souvent, je pète des câbles, je craque, je crie, je ne contrôle plus, je m'effondre en larmes et en désespoir. Mais je me redresse et reprend la route. Et je crois que sans le yoga, sans surtout le fait d'en avoir fait mon métier, la liberté que ça m'apporte et surtout, la manière dont chaque séance me recharge, je n'arriverais pas à me relever.
Quand j'ouvre une séance, même si je suis au bout de ma vie, pendant une heure j'oublie tout (sauf vous, en face de moi bien sûr !). Parfois j'arrive sur le lieu du cours en me demandant comment je vais affronter les regards sur mes cernes, mes yeux gonflés et ma mine déconfite, comment je vais enchaîner les postures avec mon corps endolori, comment je vais transmettre la joie et la bonne humeur alors que je n'ai qu'une envie c'est de pleurer et de tout abandonner ? Puis je ferme les yeux et je suis là, sur mon tapis, prête et heureuse d'être là. Je vous jure que c'est vrai, même moi ça m'émerveille à chaque fois.
Bon le retour à la réalité est parfois difficile, je ressens parfois un deuxième effet kisskool mais n'empêche que je l'ai fait, et j'ai kiffé, et ça je trouve ça incroyable !
Et... La réalité d’une prof de yoga!
J’ai vanté les mérites de cette pratique ancestrale, j’ai parlé de la manière dont elle a changé et continue de changer ma vie. Mais derrière tout ça il y a bien sûr des doutes, des interrogations. Je discutais avec ma maman aujourd’hui et lui disais comme j’étais heureuse de faire ce métier et en même temps comme il était précaire, et que cela me faisait peur pour l’avenir. Bien que je sois convaincue que le yoga est une mine d’or pour chacun d’entre nous, il l’est de par son invitation à travailler sur soi, pour avancer, se guérir des blessures enfouies, aller de l’avant avec confiance et sérénité. Mais en faire son métier, c’est loin d’une mine d’or ! Avant les enfants, j’étais tranquille, je gagnais bien ma vie, faisais du blablacar et louait mon appart en Airbnb lors de mes escapades. Aujourd’hui, j’ai deux enfants de 3 ans, et même si je prône la sobriété, ils me coutent cher !
En 2022, j’ai quitté mes clients chéris et ma communauté de yogis qui participaient à mes retraites, à mes ateliers, qui me suivaient sur les réseaux pour me concentrer sur moi, et mes mini-moi. Je sentais que c’était juste pour nous, mais aujourd’hui je le paye en quelques sortes. C’est normal de nos jours, tu disparais des réseaux pendant presque 2 ans, tu croyais que les gens allaient t’attendre ? Des profs de yoga, il y en a à la pelle, des retraites, n’en parlons pas, même Karine Lemarchand s’y met ! Bref, c’est dur la réalité de notre monde, l’éphémère, la précarité de certains statuts, le courage et la force qu’il faut pour être à son compte, se renouveler sans cesse, évoluer sur un « marché » alors qu’on aurait envie en tant que yogi d’évoluer chez les bisounours… Mais comme d’hab, je vais rebondir, ne pas me lamenter sur mon sort, renaitre, recommencer, mais j’ai besoin de votre aide, alors si vous êtes là, si vous me lisez, faites-le moi savoir, ça me donnera de l’énergie pour continuer !
MERCI !




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